Patrimoine

Un jour, une station : Jasmin, un air de parfum

Découvrez les coulisses du nom de la station Jasmin, située sur la ligne 9 du métro.

Sommaire

  1. Un poète donne son nom à la station
  2. Deux entourages « fer de lance »
  3. Une configuration en mezzanine particulière
  4. Une décoration enrichie et raffinée

Située dans le 16e arrondissement de Paris, la station Jasmin est ouverte le 8 novembre 1922 avec la mise en service du premier tronçon de la ligne 9, entre Exelmans et Trocadéro.

Un poète donne son nom à la station

Station au nom évocateur, elle tire son nom, non pas directement de la fameuse senteur, mais bien de Jacques Boé, dit « Jasmin », en souvenir de la fleur que son grand-père avait l’habitude de porter à sa boutonnière.

Jacques Boé, né en 1798, coiffeur-perruquier de son état et poète d’expression occitane du XIXe siècle, entend défendre à tout prix la langue d’Oc, considérée comme un vulgaire patois. Dans son salon, il prend l’habitude d’associer l’art capillaire avec la déclamation de ses poèmes à ses clients tout en les imprégnant de lotion au jasmin.

Il obtient une certaine reconnaissance grâce à l’académicien Charles Nodier, qui, ému par sa poésie, devient son parrain littéraire et lui ouvre les portes des salons parisiens. Il y rencontre entre autres Lamartine, Chateaubriand ainsi que Napoléon III qui organise une soirée en son honneur. Il reçoit la Légion d’honneur, la Croix de Saint-Grégoire-le-Grand, la couronne Del Brès offerte par la Ville d’Agen. Altruiste, il reverse la totalité des gains de ses prestations artistiques à des œuvres de bienfaisance.  

En surface, au niveau du square Jasmin, se trouve un hôtel particulier construit par Hector Guimard, l’architecte des entrées de métro Art nouveau.

jasmin

Deux entourages « fer de lance »

La station dispose de deux accès, chacun agrémenté d'un entourage « fer de lance » :

  • l’accès de l’avenue Mozart est constitué d'un escalier mécanique montant permettant uniquement la sortie ;
  • celui de la rue Jasmin, avec son escalier fixe, est orné d'un candélabre dit “Val d'Osne".

A partir de 1913, la Compagnie du Métropolitain de Paris (CMP) met en place des entourages sobres : une simple balustrade rectangulaire en fer forgé, un porte-plan, et un lampadaire permettant de mieux signaler et éclairer les entrées de métro.

Les premiers candélabres Val d’Osne comportent un panneau « Métro » entouré d’une dentelle en fer forgé, surmonté d’un globe lumineux, et possèdent un pied sculpté.

Sortie de la station Jasmin - Bruno Marguerite, RATP
sortie de la station Jasmin, 2019 - Bruno Marguerite, RATP

Une configuration en mezzanine particulière

La salle de distribution est établie sous la forme d'une mezzanine surplombant les voies, dans la station, situation rare que celle-ci ne partage qu'avec les deux stations suivantes en direction de Mairie de Montreuil : Ranelagh et La Muette.

Ainsi, les quais sont visibles depuis la salle et le comptoir d'information qui ont remplacé le guichet. Ce dernier était un des rares de style des années 1970 à subsister jusqu'aux années 2010.

Mezzanine surplombant les voies, 2019 - Bruno Marguerite, RATP
Mezzanine surplombant les voies, 2019 - Bruno Marguerite, RATP
Guichet de la station Jasmin - RATP

Une décoration enrichie et raffinée

La station Jasmin possède deux quais séparés par les voies du métro avec une voûte elliptique. Comme ses consœurs de la CMP, construites après les années 1920, elle bénéficie d’éléments de décor en rupture avec l’architecture sobre et dépouillée, adoptée jusque-là par la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris. Une volonté d’enrichissement des lieux qui trouve son influence dans le style raffiné des stations concurrentes du Nord-Sud.  

Désormais, les noms de stations de la CMP, qui s’inscrivaient jusque-là sur des plaques de tôle émaillée, sont réalisés en céramique bleue. Les couloirs sont embellis de frises de couleur aux motifs géométriques (étoile, losange) ou floraux, constituant une « ligne graphique » qui permet aux voyageurs de mieux se repérer dans ce dédale souterrain.  

Les entourages publicitaires s’ornent d’un large encadrement de couleur miel ou marron aux motifs végétaux ou floraux. A partir des années 1940, ces encadrements seront également ornés d’un monogramme « M », de style Art déco.

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