Patrimoine

Un jour, une station : Cluny - La Sorbonne, tout feu tout flamme

Située au cœur du Quartier Latin, la station Cluny - La Sorbonne recèle de nombreux secrets : une troisième voie, des œuvres artistiques à ne pas manquer, sans oublier que la station a fait partie des fameuses stations fantômes pendant près de 50 ans. 

Sommaire

  1. Une réouverture tardive pour la station fantôme
  2. Un aménagement culturel remarquable
  3. Une œuvre artistique dans le couloir de correspondance avec le RER
2 juin 2020

Sous le boulevard Saint-Germain, la station « Cluny - La Sorbonne » est mise en service sous la simple appellation « Cluny », le 15 février 1930, avec le prolongement de la ligne 10 depuis Odéon jusqu'à Place d'Italie (tronçon partiellement cédé à la ligne 7 l'année suivante).  

Elle doit cette dénomination au musée de Cluny dont elle assure la desserte. Celui-ci est aménagé en 1844 au sein d'un ancien hôtel particulier du XIIIe siècle : l'hôtel de Cluny, nommé ainsi d'après les abbés de l'ordre de Cluny.

Cluny

Elle dessert un quartier historique de Paris, connu pour ses établissements fréquentés par les étudiants (dont la fameuse Sorbonne), et prisé d’amateurs de musées ou de simples passants qui battent le pavé en quête de l’âme de Paris.  
 
Exemple de station construite par la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris (CMP) après les années 1920 sous l’influence des stations richement décorées de la Compagnie Nord-Sud, elle se démarque aujourd’hui encore de ses consœurs par bien des aspects.  

Outre sa voute décorée de deux gigantesques oiseaux, que l’on doit à l’artiste Jean Bazaine, elle comprend une troisième voie de circulation qui correspond à un début de raccordement à voie unique rejoignant la ligne 4 à Odéon. Raccordement que l’on peut apercevoir, en tête de quai, en direction de la station Odéon.

Cluny

Une réouverture tardive pour la station fantôme

La station est fermée le 2 septembre 1939, au début de la Seconde Guerre mondiale en raison de sa trop grande proximité avec les stations Maubert–Mutualité et Odéon. Elle devient alors une « station fantôme » où les rames ne marquent plus l'arrêt.  

Elle n’est rouverte que 49 ans plus tard, le 15 décembre 1988, afin de permettre une correspondance avec les lignes B et C du RER, à la gare voisine de Saint-Michel - Notre-Dame. Le point d'arrêt de la ligne B est inauguré la même année.  

Et, c’est essentiellement grâce au maire du 6ème arrondissement - qui a refusé que la gare du RER ait un accès dans le quartier piéton - que la station reprend du service pour servir de sortie au RER sur le Boulevard Saint-Germain.

Un aménagement culturel remarquable

Lors de cette réouverture, la station prend son appellation actuelle « Cluny La Sorbonne » afin de marquer sa proximité avec la célèbre université. Elle va également bénéficier d’un aménagement original grâce à une commande conjointe du ministère de la Culture et de la RATP.  

La commande est confiée à l’artiste Jean Bazaine qui décore la station d’une mosaïque de 400 m2 sous la direction de Gino Silverstri da Bellun, peintre et mosaïste lui-même assisté de dix autres mosaïstes.  

Ainsi naît sur sa voûte l’œuvre « Ailes et Flammes » constituée de deux immenses oiseaux et de la reproduction de cinquante-quatre signatures de célébrités ayant fréquenté le Quartier Latin depuis huit siècles ! 

Pêle-mêle, on y retrouve les signatures de Philippe Auguste, Louis XIV, Champollion ou encore Marie Curie ! Mais aussi, Abélard, Ignace de Loyola, Ronsard, Diderot, Voltaire, François Villon, Montaigne, Baudelaire, Bergson, Verlaine, Rimbaud, Balzac, Delacroix, Victor Hugo... Une liste de personnages illustres qui donne le vertige ! 

Le tout est réalisé avec pas moins de 60 000 tesselles (morceaux de lave émaillée). 

Voûte de la station, 1994 - René Minoli, RATP
Oeuvre dans la station Cluny - la Sorbonne - Bruno Marguerite, RATP

Une œuvre artistique dans le couloir de correspondance avec le RER

Station privilégiée sur le plan culturel, elle est flanquée d’une seconde œuvre artistique située dans la correspondance qui relie la station et le RER à Saint-Michel.  

C’est l’artiste Claude Maréchal (sélectionné par un jury formé par le Conseil Régional d’Île-de France et la RATP) qui est chargé, en 1987, de la mise en œuvre d’un décor de 600 m2 en verre de Venise et de mosaïque formant un ruban continu entre Cluny la Sorbonne et Saint-Michel. L’œuvre réalisée en hommage à Claude Monet et à Georges Clemenceau ainsi qu’au jardin de Saint-Cloud se décline en une centaine de tons à dominante bleue, jaune et rouge.  

Décor de la correspondance, 2013 - Jean-François Mauboussin, RATP
Décor de la correspondance, 2013 - Jean-François Mauboussin, RATP
Décor de correspondance, 1988 - Joel Thibaut, RATP

Podcast : les mystères de la station Cluny-La-Sorbonne

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