Opéra est une station des lignes 3, 7 et 8 du métro, située à la limite des 2ème et 9ème arrondissements de Paris.
Une station ouverte en trois étapes
La première station, qui doit sa dénomination à l’Opéra Garnier dont elle assure la desserte, est ouverte le 19 octobre 1904 avec la mise en service de la ligne 3 entre les stations Avenue de Villiers (aujourd'hui Villiers) et Père Lachaise. Six ans après, le 5 novembre 1910, la station Opéra de la ligne 7 devient le terminus de la ligne jusqu’en 1916, date à laquelle elle est prolongée jusqu’à la station Palais-Royal (aujourd'hui Palais Royal - Musée du Louvre). Enfin, près de trois ans plus tard, le 13 juillet 1913, la station Opéra de la ligne 8 ouvre à son tour et devient par la même occasion terminus de son premier tronçon depuis la station Beaugrenelle (aujourd'hui Charles-Michels), jusqu'au 30 juin 1928, date à laquelle elle est prolongée jusqu'à Richelieu - Drouot.
Une conception spectaculaire à grande profondeur
Si la station de la ligne 3 est conçue avec une couverture métallique en raison de sa très faible profondeur, tout comme les stations Saint-Lazare, Havre–Caumartin et Père Lachaise, la particularité de la station Opéra est l’ouvrage de superposition des 3 lignes de métro qui la traversent, soit de haut en bas : la ligne 3, la 7 et la 8. Il est décidé dès le départ de construire en une seule fois la totalité de l’ouvrage afin d’en minimiser les coûts et les nuisances pour les riverains et la circulation déjà dense au cœur du prestigieux quartier de l’Opéra. Mais l’ouverture des stations se fera en trois étapes. Cet important ouvrage, profond de 20 mètres, est réalisé en un peu moins d’un an, de mars 1903 à février 1904, par l’entrepreneur de travaux publics Léon Chagnaud.
Une entrée de station très controversée
Hector Guimard présente ses plans pour l’accès à la station mais ils sont refusés par la Compagnie du métropolitain de Paris (CMP) qui demande une harmonie entre le bâtiment de l’Opéra et l’accès. L’architecte s’étonne et répond par voie de presse : «… Est-ce qu’on devra dorénavant harmoniser la gare du Père Lachaise avec le cimetière et la construire en forme de tombeau ?». La CMP fait alors appel à Marie-Joseph Cassien-Bernard (1848-1926), un architecte grand prix de Rome, élève de Charles Garnier, qui a étudié à l'École des beaux-arts de Lyon puis à celle de Paris où il obtient une médaille de première classe.
La CMP lui demande de dessiner des entourages assortis à l’architecture des immeubles et à l’échelle des places monumentales.
En 1904, ce dernier conçoit, pour la station Opéra, un entourage en pierre de taille très simple avec balustres, ornementé de mains courantes en bronze. L’esthétique et la petite taille de cet ouvrage ne font pas l’unanimité. La Société Le Nouveau Paris qualifie même cet ouvrage de « mesquin ». Ces critiques n’empêchent pas toutefois la direction de la CMP de retenir ce modèle.
Par la suite donc, d’autres entourages qui se fondent dans le paysage urbain seront installés à proximité de monuments, sur la place de la République, aux stations Etoile, George V et Franklin D. Roosevelt qui seront suivies de Champs-Elysées Clemenceau, Concorde et Richelieu-Drouot en 1928. Ces entrées servent également de passage public souterrain pour les piétons.
Une décoration simple et raffinée
La station de la ligne 3 est établie à fleur de sol : le plafond est constitué d'un tablier métallique, dont les poutres, de couleur bordeaux, sont supportées par les piédroits verticaux de la station. En 1954, la station, particulièrement fréquentée est l’une des premières à recevoir un carrossage publicitaire (revêtement métallique) vert pâle atténuant les angles vifs du plancher métallique et permettant de mettre en valeur des vitrines d’exposition dans une décoration luxueuse. Aujourd’hui, le style « Andreu-Motte » s’est imposé dans la station : deux rampes lumineuses bordeaux, des banquettes, tympans et piédroits équipés de grands carreaux plats blancs en grès étiré et des sièges « Motte » violets. En revanche, les débouchés des couloirs sont munis de carreaux biseautés blancs standards. Les publicités sont dépourvues de cadres.
Avec les stations Palais Royal - Musée du Louvre sur la ligne 1 et Concorde sur la ligne 8, il s'agit d'une des trois stations du style « Andreu-Motte » à être traitée dans des nuances de violet, cette teinte faisant partie du lexique des couleurs exceptionnelles de ce type d’aménagement.
Les quais des lignes 7 et 8 possèdent une voûte elliptique et sont aménagés de manière semblable. Ceux de la ligne 7 sont légèrement en courbe tandis que les quais de la ligne 8 possèdent une partie ayant une plus grande hauteur de la voûte à cet endroit. Les quais des lignes 7 et 8 sont modernisés au début des années 1970 dans un style unique avec trois tons de bleus (un ton foncé pour les sièges de style « Motte » et la voûte, et deux autres tons plus clairs pour les petits carreaux des piédroits). Le nom de la station est alors constitué de larges lettres capitales blanches en relief. Cet aménagement est dérivé du style "Mouton-Duvernet". Le plafond bleu est par la suite repeint en blanc afin d'accroître la luminosité.
Depuis 2007, l'intégralité de ces aménagements ont été retirés à l'occasion de la rénovation de la station : les bandeaux d'éclairage sont blancs et arrondis et les carreaux en céramique blancs biseautés recouvrent les piédroits et les tympans. Les cadres publicitaires sont en céramique blanche et le nom de la station est écrit en police de caractère Parisine sur plaques émaillées. Les sièges, conçus par l’Atelier A KIKO et Concept Urbain en 2002, sont de couleur verte pour la ligne 7 et de couleur orange pour la ligne 8.