Culture

Une ligne, une histoire : la ligne 6 du métro

Décor emblématique du ciel parisien, la ligne 6 du métro relie les stations Charles de Gaulle–Étoile à Nation. Il s’agit de la ligne ayant le plus long parcours aérien. On vous la présente.

La ligne 6 que nous connaissons aujourd’hui est mise en service par étapes et sous différentes configurations. Découvrez son histoire !

Construction et prolongements

La ligne 6 est initialement construite sous l’appellation "2 sud". En 1900, la portion Étoile – Trocadéro dessert l’Exposition universelle, tandis que se poursuivent les travaux de construction jusqu’à Place d’Italie avec la délicate traversée de la Seine à Passy (station ouverte le 5 novembre 1903).

Le 24 avril 1906, la ligne est prolongée jusqu’à Place d’Italie, où est construit un nouvel atelier d’entretien. En octobre 1907, son exploitation est fusionnée avec celle de la ligne 5 ouverte depuis juin 1906, la 2 Sud disparaissant au profit de cet indice. La nouvelle ligne 5 reliant Étoile à Gare du Nord est exploitée dans cette configuration jusqu’en 1942. Il y avait également une ligne 2 nord qui est notre ligne 2 actuelle.



La ligne désignée à l’origine avec l'indice 6 dessert un court tronçon d’Italie à Nation et est mise en service le 1er mars 1909.

En 1931, pour améliorer la desserte de l’Exposition coloniale, il est décidé de « prolonger » la ligne 6 en utilisant les voies de la ligne 5. La ligne 6 constitue alors une semi-circulaire sud de Nation à Étoile, son tracé actuel. Dès la fin de l’exposition, la Ville de paris contraint la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris (CMP) à reprendre son ancienne exploitation, une situation qui perdurera 11 ans.

Il faut en effet attendre le prolongement de la ligne 5 à Pantin, le 6 octobre 1942, pendant l’Occupation, pour que la configuration actuelle des lignes 5 et 6 soit finalement mise en place. La ligne 5 relie alors Place d’Italie à Église de Pantin et la ligne 6, Étoile à Nation.

Les Sentinelles de la ligne 6

Connaissez-vous les "Sentinelles de la ligne 6 du métro" ? Au début de la seconde guerre mondiale, le Général de Gaulle va créer, depuis Londres, un réseau de services secrets de la France libre. Les premières recrues prennent un nom de code en rapport avec les stations de la ligne 6 :

  • Alexandre Beresnikoff se fait appeler Corvisart ;
  • André Dewavrin devient Passy ; 
  • Maurice Duclos prend le nom de Saint-Jacques ;
  • Raymond Lagier se cache sous le nom de Bienvenüe.

Découvrez ci-dessous les vidéos consacrées à ces quatre héros de la résistance, réalisées par le ministère des Armées, à l'occasion des 80 ans de la Libération de Paris :

André Dewavrin, alias Passy 

Maurice Duclos, alias Saint-Jacques

Alexandre Beresnikoff, alias Corvisart

Raymond Lagier, alias Bienvenüe

Une ligne aérienne

Tout comme la ligne 2, la ligne 6 est partiellement construite en aérien sur le tracé du mur des Fermiers Généraux (ancienne enceinte de Paris démolie en 1860), ce qui permit d’éviter le coût du percement des tunnels. Les viaducs qui la supportent sont édifiés au-dessus de la chaussée et ont été conçus par l’architecte Jean-Camille Formigé, en alliant plusieurs techniques de construction : la brique, la pierre taillée et les structures métalliques traitées dans l’esprit des grandes gares. 

ligne 6

Ainsi deux ouvrages particuliers sont construits pour le franchissement de la Seine en viaduc, Passy à l’ouest et Bercy à l’est.

Le viaduc de Passy

L’ouvrage, construit de 1903 à 1906, mesure 237 m de long et s’appuie sur l’île aux Cygnes. D’une architecture exceptionnelle, il est constitué d’un tablier métallique sur lequel sont posées les voies du métro. Ce tablier est soutenu par deux rangées de fines colonnades en acier laminé, hautes de 6,90 m, qui révèlent la finesse et l’élégance du viaduc, inscrit à l’inventaire des Monuments historiques depuis 1986. Décoré par Jean-Camille Formigé, il constitue un ensemble monumental remarquablement ornementé. L’ouvrage en maçonnerie de l’île aux Cygnes - arche centrale du viaduc - est orné de quatre allégories en bas-relief : la Science, le Travail, l’Electricité et le Commerce. 

Le viaduc de Bercy

Construit en 1905-1906, long de 175 m, il est percé de 41 petites arches en plein cintre recouvertes d’un habillage en pierre. Le pont de Bercy a été construit en trois temps. Le premier ouvrage à 5 arches en pierre, correspondant à la chaussée côté Paris, est ouvert en 1864, puis élargi de 5,50 m en 1904 pour accueillir le viaduc du métro. Dans les années 1990, afin de respecter la symétrie des voies routières de part et d’autre du viaduc, le pont est élargi côté périphérique, plaçant ainsi l’ouvrage de la ligne 6 entre les deux chaussées. Cette extension, construite en béton, est recouverte d’un habillage en pierre, afin de respecter l’harmonie de cet ouvrage monumental.
 

Maintenance patrimoniale

La ligne 6, tout comme les lignes 2 et 5, se caractérise par des équipements (viaducs, piliers, arches, verrières, escaliers, mezzanines) qui ont remarquablement traversé le temps. Pour en maintenir la qualité d’usage, l’esthétique et la pérennité, ils font l’objet de campagnes de travaux de préservation, avec des chantiers de rénovation par stations ou tronçons, programmés chaque année. C’est ainsi qu’un programme de travaux a été mené de 2014 à 2021 pour entretenir et réparer le viaduc de Passy.

Des stations tout en verrière

Sur la ligne 6, ce sont des verrières uniques qui couvrent les quais et les voies. Tandis que sur la ligne 2, elle aussi aérienne, des marquises partielles en forme d’ailes protègent les quais.

ligne 6

La ligne 6 fait peau neuve

Ça bouge sur la ligne 6 ! Les nouvelles rames de métro MP89 de la ligne 6, financées par Île-de-France Mobilités, ont commencé à faire leur apparition début 2023. Le déploiement continuera progressivement jusqu'en 2026 : au total, 47 rames constitueront le parc global.

Pour préparer l'arrivée de ces trains MP89 modernisés qui étaient jusqu'alors en circulation sur la ligne 4, de nombreux équipements et infrastructures ont été modernisés et adaptés au fil des derniers mois : les quais, la voie, la signalisation, le système de pilotage, l'aménagement de nouvelles positions de garages pour les métros ou encore les installations de lavage et d'entretien du matériel roulant. Ces travaux d'envergure ont pour but d’assurer un service encore meilleur à tous les voyageurs. Des fermetures sont prévues pour réaliser ces travaux d’adaptation.

Le saviez-vous ?

13
km
13, 136 exactement. C'est la longueur de la ligne 6, dont 6,1 km en aérien. Elle dessert 28 stations, dont 13 à l’air libre.

Pourquoi les trains stationnent quelques instants à la station Kleber ?

C’est là qu’est situé le véritable terminus technique de la ligne 6 sur la portion ouest. En effet, la station possède quatre voies à quai et est utilisée pour un arrêt prolongé des rames avant ou après leur passage au terminus de Charles de Gaulle –Étoile en fonction des temps nécessaires de régulation et de pause pour les conducteurs. Le terminus « commercial » de Charles de Gaulle –Étoile s’avère être trop contraint pour jouer ce rôle.

Un parcours street art

En partie disposées le long de la Ligne 6 du métro aérien, les fresques qui composent le projet Street Art 13 permettent aux voyageurs de profiter le temps d’un trajet d’une balade artistique unique entre les stations Quai de la Gare et Glacière.  Une quarantaine d’œuvres peuvent ainsi être admirées directement depuis le métro, de jour comme de nuit.

Ca vaut le détour !

Pour en savoir plus sur ces trésors artistiques, historiques ou atypiques, consultez la carte interactive « Ça vaut le détour » consacrée à la ligne 6.

Patrimoine