Patrimoine Metro

Connaissez-vous... les sièges du métro parisien ?

Les sièges du métro parisien ont toujours suscité un intérêt particulier, grâce à leurs formes et styles spécifiques. Retour sur leur évolution au fil du temps, mêlant design et confort.

Sommaire

  1. Des bancs en bois aux banquettes du style Mouton-Duvernet
  2. Les célèbres sièges coque
  3. Les sièges "assis-debout" Ouï-dire
  4. Les sièges en bois de la ligne 14
  5. Le retour des bancs en bois avec le "Renouveau du métro"
  6. Les mythiques sièges "A Kiko"
  7. Les assises spécifiques à certaines stations

Des bancs en bois aux banquettes du style Mouton-Duvernet

De la naissance du métro jusqu’aux années 1950, l’aménagement des stations est plutôt sommaire : en témoigne l’installation sur les quais de bancs en bois assez rudimentaires.

Au fur et à mesure du développement du réseau, et de sa fréquentation qui ne cesse de croître, le nombre de bancs augmente jusqu’à couvrir tout le linéaire des piédroits de quais. De la publicité est alors souvent placée sur leur dossier.

Collection RATP
Collection RATP

Au début des années 1950, la RATP hérite d’un réseau qui nécessite d’être modernisé. Une solution pour rénover les stations d’origine consiste alors à les recouvrir d’un carrossage (revêtement métallique) comprenant des cadres publicitaires (4x3) éclairés.

Des premiers essais de carrossage intégrant des banquettes en bois ou en Formica sont réalisés, puis standardisés dans les années 1960.

Quai de la station République (1962) - Collection RATP
Quai de la station Bourse (1964) - Collection RATP
Quai de la station Volontaires avant rénovation (1985) - Charles Ardaillon (RATP)

Avec le style « Mouton-Duvernet », parti de rénovation des quais de la fin des années 1960, de longs bancs en plastique Formica de couleur rouge à l’assise moulée soulignent l’aménagement de dominante orange. 

Collection RATP
Collection RATP

Les célèbres sièges coque

Le style Motte-Andreu

C’est véritablement à partir des années 1970 que l’assise évolue avec le style Motte-Andreu. En effet, le fameux siège coque est la première assise individuelle mise en place sur le réseau.

Mis en œuvre entre 1974 et 1984 dans une centaine de stations, le style Motte-Andreu revient à la dominante blanche des stations et propose de la rehausser d’une couleur vive qui s’applique sur les deux principaux composants de l’aménagement :

  • le bandeau de coffrage des rampes lumineuses qui soulignent la voûte ;
  • la ligne carrelée des banquettes qui reçoivent les fameux sièges coque.

Ce concept a été pensé afin qu’inconsciemment, les voyageurs mémorisent la couleur associée à leur station. Joseph-André Motte dessine donc à cette occasion pour la RATP un siège qui allait devenir symbolique du métro : le siège coque !

Design et couleurs

Embouti dans de la tôle épaisse, avec un seul passage en machine pour la fabrication, il est très résistant et peut être repeint à l’infini. Son design est remarquable avec une assise douce et confortable.

Il se décline en de multiples couleurs propres à chaque station. L'objectif : que les voyageurs se repèrent plus facilement dans leur parcours. Initialement, trois couleurs étaient présentes : bleu Motte, jaune Kepler, et orange Motte. D’autres ont été ajoutées par la suite : bleu clair, vert Louisiane, vert d’Alsace, rouge Castille, violet et rose Tyrien.

Nombre et disposition des banquettes

Le nombre et la disposition des banquettes et sièges Motte varient selon la longueur de la station (75 ou 105 mètres) et le nombre de débouchés entre 20 à 100 sièges par quai, disposés au droit des affiches, par groupe de 8 ou 9. Leur déploiement généreux et regroupé exprime une intention d’accueil et de confort au cœur de l’objectif de mise en scène de l’aménagement. Pour les stations à quai central, les sièges coque sont disposés dos à dos sur la banquette centrale.  

Emblématiques et portés par le succès du parti de rénovation Motte-Andreu, les sièges coque ont été utilisés pour remplacer la plupart des sièges dans les autres stations (notamment dans les stations carrossées dont les banquettes en bois ne répondaient pas aux normes vis-à-vis du risque incendie). 

Collection RATP
Collection RATP

Qui étaient Paul Andreu et Joseph-André Motte ?

Le style Motte-Andreu a été pensé et conçu par deux architectes français :

  • Paul Andreu, architecte spécialiste des constructions aéroportuaires, dont notamment Roissy-Charles-de-Gaulle qu'il conçut à l'âge de 29 ans et qui fit sa renommée ;
  • Joseph-André Motte, designer et architecte d'intérieur, qui travaille sur de grandes commandes publiques comme l'aménagement intérieur de l'aéroport d'Orly, la gare maritime du Havre ou la décoration de la préfecture de Cergy-Pontoise et l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. 

Les sièges "assis-debout" Ouï-dire

A partir de 1985, l’agence d’architecture Ouï-dire, retenue par la RATP à la suite d’un concours, va marquer de son empreinte l’aménagement de 27 stations du réseau, poursuivant le parti de stations blanches.

L’installation légère, aérienne, lumineuse se distingue par deux éléments :

  • un bandeau lumineux soutenu par des consoles courbes en forme de faux ;
  • des bancs avec des assises individualisées séparées par des accoudoirs en forme de faux inversée et accompagnés de sièges emblématiques dits « assis-debout ».

La grande innovation du parti Ouï-dire est bien le siège « assis-debout », alternative à l’assise traditionnelle, qui répond au désir de l’usager de se reposer juste un court instant.

Collection RATP
Collection RATP

Les sièges en bois de la ligne 14

En 1998, l’ambition architecturale pour les aménagements des nouvelles stations de la ligne 14, développée par l’architecte Bernard Kohn, propose des sièges en bois à l’assise plus classique. Composés de lattes montées sur une structure tubulaire en acier, ils se déclinent en assises individuelles et en bancs « assis-debout ».

Pour en savoir plus sur l'architecture caractéristique des stations de cette ligne, imaginée par Bernard Kohn, découvrez l'histoire de la ligne 14 du métro !

Collection RATP
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Le retour des bancs en bois avec le "Renouveau du métro"

Avec le programme de modernisation « Renouveau du métro », mis en œuvre à partir de 1997, on installe des bancs en bois, qui s’inspirent des bancs en latte de bois parisiens.

Ils sont proposés par l’architecte Bruno Gaudin en charge de la conception pour le Renouveau, avec une ligne stylistique très élégante qui s’inscrit bien sous les cimaises des cadres publicitaires. Ils sont déployés à Saint Ambroise et dans quelques quais de station rénovées.

Collection RATP
Collection RATP

Les mythiques sièges "A Kiko"

Dans les années 2000, le siège « A Kiko », du nom de l’équipe de designer qui l’a conçu, fait son apparition.

Accueillant et généreux dans sa forme circulaire bien enveloppante, il est percé en son centre d’une fente qui évoque un sourire. Il est disposé par séries de trois à cinq sièges très visibles, dans une gamme de sept couleurs chaleureuses rendues brillantes et profondes par la finition émaillée des coques (aujourd’hui remplacée par une finition de peinture thermolaquée).

Une charte d’application règle l’utilisation des couleurs dans un souci d’alternance entre stations d’une même ligne et selon la nature du parti pris pour les couleurs de frises et de plinthes dans la station concernée.

Ce siège présente les mêmes avantages que le siège coque : très facile d’entretien, il est solide, résistant aux brûlures, rayures, graffitis et efforts mécaniques. Déployé dans une grande partie des rénovations complètes de stations, il n’a cependant pas encore délogé tous ses prédécesseurs.

Collection RATP
Collection RATP

Les assises spécifiques à certaines stations

Dans les stations qui disposent d’aménagements exceptionnels, souvent à liés une intention culturelle, des solutions d’assises ont été imaginées spécifiquement pour participer à la mise en scène. 

C'est par exemple le cas pour les sièges en bois lamellé collé à Arts et Métiers (ligne 11), les bancs très sobres en granit à Cluny–La Sorbonne (ligne 10), les banquettes de tribunes de stade à Villejuif–Léo Lagrange (ligne 7) ou les bancs en bois spéciaux à Concorde (ligne 12).

Station Arts et Métiers sur la ligne 11 (2019) - RATP - Antoine Jallas
Station Cluny–La Sorbonne sur la ligne 10 (2013) - RATP - Jean-François Mauboussin
Station Villejuif–Léo Lagrange sur la ligne 7 (2000) - RATP - Denis Sutton
Station Concorde sur la ligne 12 (2009) - RATP - Jean-François Mauboussin

Les sièges du métro n’ont à présent plus de secret pour vous ! Amusez-vous à observer et identifier les sièges installés dans votre station préférée.

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